L’édito de Delphine
Oui, je suis architecte d’intérieur. Oui, j’ai été sollicitée par un particulier pour établir un devis pour réagencer son logement. Et oui, je lui ai plutôt conseillé de vendre sa maison, quitte à voir une mission me passer sous le nez. Je vous raconte…
Mère de famille, séparée, elle vit seule avec sa fille d’une dizaine d’années. En 2019, l’achat de sa maison a été un grand pas pour elle. L’indépendance financière des femmes est en effet une vraie question aujourd’hui.
Mais voilà : quatre ans plus tard, le constat est sans appel. Ma cliente ne s’est jamais senti 100 % bien dans cette maison. La configuration des lieux ne semble pas adaptée à la vie des deux occupantes : elle les isole plus qu’elle ne les rapproche. Sans compter l’absence d’un vrai jardin et le vis-à-vis avec les voisins.
La propriétaire fait alors appel à moi pour concrétiser une idée : après une reconversion dans l’accompagnement des personnes, elle souhaite rénover sa maison et le garage, pour y recevoir ses clients.
Au gré de nos échanges, je cerne le problème : non seulement ma cliente ne se sent pas bien chez elle, mais elle a même l’intention d’y amener des énergies intrusives lors de ses consultations !
Ce sentiment d’insécurité, même la plus belles des rénovations intérieures ne le lui enlèvera pas.
Je pose alors une question pratico-pratique : faut-il investir 30 000 euros dans des travaux, au risque de ne pas retrouver cet argent en cas de vente de la maison plus tard ? Car une maison sans garage, c’est parfois un prix dévalué par rapport au marché.
On commence alors à se parler sans filtre. Ma cliente – qui n’en est finalement pas une – comprend qu’elle doit lever un frein qu’elle s’impose.
Non, ce n’est pas grave de vendre sa maison si vite.
L’achat de 2019, qui était vu comme un bel accomplissement, peut désormais être considéré comme un tremplin. Vendre n’est ni un échec ni un retour en arrière, mais bien un tremplin vers de nouveaux chapitres !
Résultat ? Elle a commencé à visiter d’autres maisons pour se projeter sur un nouvel achat, plus en phase avec elle-même. Lorsqu’elle trouvera la bonne, elle le saura. Et peut-être nous donnerons-nous rendez-vous pour une nouvelle estimation de travaux.
Pour l’heure, ma « non-cliente » a compris une chose : son bien-être passe avant tout.